Bienvenue à vous, nouveaux membres du Polaris Book Club ! Ici, nous organiserons notre lecture commune, nos rencontres et partagerons notre expérience de lecture en découvrant des exclusivités sur le livre choisi…
La musique a, depuis toujours, été un levier de découverte d’univers, de milieux et de domaines très distincts dans mon existence. Un univers restait encore éloigné de ma carrière musicale, celui de la littérature…
Sarah Oling m’a ouvert cet espace alors peu connu, puisque mon saxo accompagnera dès le mois d’octobre la mise en lumière de son roman, Le Naja d’Émeraude qui est une invitation à un voyage dans cette Inde complexe, mystérieuse, envoûtante, cette Inde des colonies françaises.
Ce roman est une passerelle entre deux mondes artistiques, qui prendront vie lors d’événements « Saxo & Voix », puisque Sarah et moi-même travaillons déjà à la création de ce concept unique pour nous. Je vous dévoile cet enregistrement réalisé pour le Polaris Book Club par @mynameisjojo dans les studios de @finallymusicproductions à Genève.
Oliver Martin Sax
Villers-sur-Mer, France, 16 avril 1946 L’église Saint-Martin était noire de monde. Plus habitués depuis des années à entendre sonner le glas et le tocsin que le carillon, nombre d’habitants, sans aucun lien avec la famille, étaient venus assister à la messe de mariage. Un mariage, enfin ! Un mariage insolite, en tout cas. Les paroissiens se poussaient du coude. Certains dévisageaient avec insistance les deux couples qui s’avançaient vers le transept. Du côté des mariées, chacun ici connaissait les familles réfugiées de Lorient, de bons catholiques, qui s’étaient fait une place dans la paroisse. Mais les mariés, eux ! « Quelle drôle d’allure ils ont », murmura une vieille bigote à sa voisine. « Il paraît qu’ils viennent des Indes. » « Des Indes ? Ils sont indiens ? », lui répondit sa voisine. « Mais alors, ils sont pas chrétiens ! Ils sont quoi, comme religion, les Indiens ? » Le regard courroucé de leurs voisins de travée mit fin aux commérages. Le Requiem de Fauré. Sublime. Les deux hommes approchèrent de l’autel où les attendait le prêtre. Magnifiques et dérangeants pour ces paroissiens peu habitués à voir leur église célébrer des unions mixtes. Le smoking blanc dont ils étaient vêtus exaltait leur teint mat, leurs cheveux d’ébène. Adénora et Maélie s’avancèrent à leur tour, dans les robes de mariées qui les attendaient depuis plus de deux ans. Les deux femmes, transfigurées de bonheur, avançaient au bras de leurs pères, rudes et maladroits dans leurs beaux habits, le regard fier. Assises au premier rang, Anne Arzur et Marinette Guégan, gantées et chapeautées, dévoraient leurs filles du regard. À côté d’elles, Lise Bréant rassurait Vamika sur sa tenue, pour qui cette église était une terre étrangère, peuplée de gens qui la regardaient comme un animal exotique. Pourtant, aidée par les femmes de la maison, elle était bien conventionnelle : ses cheveux courts étaient dissimulés sous une capeline beige, assortie à son tailleur. Ses pieds enfermés dans des escarpins la faisaient épouvantablement souffrir. Seuls sa peau cuivrée, striée de profondes rides, et ses yeux tatoués signaient sa différence.
Pages 198-199
Voici une nouvelle recette gourmande des Indes.
Le thé Chai
Ingrédients traditionnels pour 6 personnes :
– 2 L d’eau
– 600 ml de lait (végétal ou animal)
– 150 g de thé noir
– 2 c. à s. de gingembre frais râpé
– 2 c. à c. de cannelle moulue
– ½ c. à c. de clous de girofle moulus
– 1 pincée de poivre noir moulu
– 1 pincée de noix de muscade moulue
– 1 fleur de badiane
– 10 capsules de cardamome
– 125 g de sucre
Préparation
• Mettre l’eau à bouillir avec le thé, le gingembre, la cannelle, le poivre, la noix de muscade, les clous de girofle moulus, la badiane et les capsules de cardamome 10 à 15 minutes.
• Ajouter le lait et le sucre. • Mélanger jusqu’à frémissements puis ôter du feu et laisser infuser 5 minutes. • Filtrer et servir.
L’auteure nous a confié que le titre est provisoire, le roman étant en cours de construction et à l’état de « chantier » pour reprendre ce terme. Vous parle t-il autant qu’à nous 🙂 ?!
LE PRINCE DES MULTITUDES ET DE LA SOLITUDE
PROLOGUE
Rien ne semblait l'arrêter... Marche après marche, il s'enfonçait dans les profondeurs de la crypte, jusqu'à en devenir minéral. C'est ainsi qu'il m'apparut la toute première fois, la tête penchée en avant, les mains agrippées à un trousseau de clés impressionnant. Lui, le guide, moi, la visiteuse d'un jour, dans sa coutumière demande. Le Mont Saint Michel s'offrait un temps étonnamment apaisé, allégé de son flot de touristes, déroutés par une pluie violente et un vent puissant. Ils s'étaient regroupés en grappes bruissantes dans les boutiques à eux dédiées. Nous n'étions que cinq à avoir demandé cet après midi là une visite guidée. Mais, je le jure, je ne me souviens d'aucun d'entre eux. De toute façon, cela n'a dans l'instant aucune importance. Je ne suis pas venue ici pour me distraire mais pour me tuer. Et ce qui allait se produire pendant les deux jours qui suivirent balaya jusqu'au moindre recoin de mes souvenirs d'avant; Lui: je les sens juste derrière moi. Je n'aime pas les savoir si près, mais pour une fois ils font silence. Je me doutais que le vent me libérerait de la multitude. Il me reste si peu de temps… Sarah Oling