Polymères
Sur l’île de Laysan, berceau de ce poème narratif, les bancs et les rivages ne brillent plus que des reflets plastiques charriés par l’océan. Les albatros – espèce endémique de cet atoll – disparaissent à petit feu, contraints d’ingurgiter ces déchets en exil, s’étouffant, s’empoisonnant, pourrissant à coeur ouvert. Ces vers capturent l’horreur qui se joue en sourdine, loin de l’indolence de nos quotidiens. Il porte la voix déliquescente d’un albatros de Laysan, en lutte contre les déchets de notre humanité échouée. Ce poème, c’est l’oraison de cet albatros, le premier et le dernier chant d’un biotope en voie d’extinction. Composé dans la fureur d’une langue impétueuse, le texte se pare de rythmes lapidaires et lapidants. Il retranscrit le flux du ressac – long va-et-vient englué de polymères à la dérive -, comme un silence de mort. Il dit le mutisme qui règne sur le sable de ce récif, sur cette enclave assiégée. Chaque page devient une île et chaque strophe une vague qui vient s’y frotter, s’y écraser pour mieux repartir. Le sens de la lecture traduit la fougue de l’océan. Le poème change d’allure en fonction de la lecture, tant les éléments peuvent se mêler : à l’image de l’eau, la phrase s’adapte à son réceptacle. La poésie se fait alors écume des rebuts plastiques de notre vie moderne : elle ne se limite pas à la beauté.
Un recueil signé Gabriel Descymes
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Collection : Aux épines
Format : 135 x 195 mm
ISBN : 978-2-494667-13-6
Pagination : 108 pages
Date de parution : le 24 février 2025